Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

514 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT mettre le feu, mais il répondit avec à-propos que c'était inutile, puisque la féodalité n'existait plus.

La situation intérieure prenait une tournure fort dangereuse. Les fédérés arrivaient peu à peu à Paris et y séjournaient au lieu de poursuivre leur route. Ils déclarèrent à l'Assemblée, par une adresse, qu’ils ne s'éloigneraient pas tant que les ennemis de l’intérieur ne seraient pas terrassés.

C'est dans ces circonstances que parut le manifeste du duc de Brunswick, le 27 juillet 1792.

Mérie-Antoinette avait bien compris, étant donnée l'exaltation populaire, à quels dangers allait l’exposer l'entrée des étrangers en France. Aussi avait-elle cherché à prévenir les graves inconvénients qui en pouvaient résulter pour elle et sa famille; c’est dans

ce but qu’elle avait écrit à Mercy : « Tout est perdu, si l’on n'arrête pas les factieux par la crainte d'une punition prochaine. Ils veulent à tout prix la République; pour y arriver, ils ont résolu d'assassiner le Roi. Il serait nécessaire qu’un manifeste rendit l'Assemblée nationale et Paris responsables de ses jours et de ceux de sa famille. »

Le duc de Brunswick se conforma à cet avis, mais son manifeste était conçu dans les termes les plus malheureux.

Après avoir rappelé qu'il venait étouffer l'anarchie

et rétablir le pouvoir royal, Brunswick promettait de traiter comme rebelles les gardes nationales qui es-