Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 515

saieraient de résister et les habitants qui oseraient se défendre. Les membres de l'Assemblée et les administrateurs de Paris étaient responsables, sur leurs têtes, de tout ce qui se passerait dans la capitale. S'il était fait la moindre violence, le moindre outrage à la famille royale, la ville de Paris serait mise à sac, livrée à une subversion totale, et les révoltés condamnés aux derniers supplices.

Ces menaces ne pouvaient être que funestes à ceux qu'on désirait protéger.

On croyait terroriser le peuple, on l'exaspéra et on le poussa aux dernières extrémités. Il résolut de prendre les devants et de s'assurer tout d'abord des otages qui pouvaient être son salut.

C'est en vain que le Roi désavoua le manifeste, il ne put ramener ni l'Assemblée ni le peuple.

Le 50 juillet, les Marseillais arrivèrent à Paris ; ils étaient cinq cents et comptaient tout ce que le Midi renfermait de plus exalté.

Santerre leur offrit un repas aux Champs-Élysées. Des gardes nationaux dévoués à la Cour se trouvaient non loin de l'endroit où étaient réunis les Marseillais ; une collision s'ensuivit; il y eut des blessés et des morts. La colère et les haines s’accrurent contre les aristocrates.

Les nouvelles les plus étranges se répandent dans la la capitale. On prétend que les fédérés réunis à Soissons ont été empoisonnés avec du verre mêlé à leur