Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

318 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

sation; une indicible duplicité, une mauvaise foi révoltante ont présidé à la défense, et Vaublanc s'est présenté le premier pour être le digne avocat d'une si belle cause. Le mielleux orateur du côté droit a pris la parole et, dans un discours éloquent, adroit, mais plein de raisonnements captieux et sophistiques, de preuves et d'assertions également vaines, absurdes et mensongères, de déclamations insipides contre les clubs et les vrais amis du peuple, il a récusé la déposition des députés patriotes comme fausse et calomnieuse, s’est efforcé d'innocenter La Fayette et, enfin, a fini par demander la question préalable sur la proposition du décret d'accusation.

« Brissot a parlé ensuite et, après un examen impassible, approfondi, sévère, mais équitable, des nombreux griefs contre le général, il l'a déclaré atteint et convaincu de haute trahison ; enfin, au nom de ja patrie en danger, au nom du souverain outragé, de la Constitution impudemment violée, il a conclu au décret d'accusation.

« À la majorité de 400 voix contre 226, l’Assemblée a décidé qu'il n’y avait pas lieu à accusation.

« Un pareil décret a été reçu par le peuple avec la plus véhémente indignation. L'effervescence est à son comble; au sortir de l’Assemblée, MM. Vaublanc et Girardin ont été maltraités, des citoyens ont porté sur eux des mains sacrilèges, l'inviolabilité des représentants du peuple a été lésée et on ignore ce qu'il en