Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 349 serait arrivé, s'ils n'avaient trouvé dans un corps de garde un asile contre la fureur populaire. Ces excès affligeants, l’exaltation qui enflamme tous les esprits, en un mot, les dissensions intestines prètes à éclater, tous ces fléaux, d’un État libre, proviennent en grande partie de la faiblesse de l'Assemblée nationale : lorsqu'elle ne fait pas son devoir, lorsqu'au mépris de l'opinion publique, elle transige lâchement avec les principes, avec les lois éternelles de la justice et de la vérité, elle livre toujours le peuple aux mouvements désordonnés des passions les plus fougueuses, et fait faire à la Nation un pas de plus vers la guerre civile. »

L'acquittement de La Fayette soulève dans Paris une agitation extraordinaire : le tambour bat le rappel dans tous les quartiers, la garde nationale se réunit, l'inquiétude s'empare de tous les citoyens :

« Le peuple ne peut plus recourir qu'à lui-même, s’écrie Danton aux Cordeliers, car l'Assemblée a absous La Fayette; il ne reste donc plus que vous pour vous sauver vous-mêmes. Hâtez-vous done, car cette nuit même, des satellites cachés dans le château doivent faire une sortie sur le peuple et l'égorger avant de quitter Paris pour rejoindre Coblentz. Sauvez-vous donc! Aux armes, aux armes! »

Mme X... écrit à ce moment :

« Tout cela nous achemine vers une catastrophe qui fait frémir les amis de l'humanité ; car il pleuvra du sang, je n'exagère point. Nous sommes dans une