Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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crise plus terrible que toutes celles qui ont précédé ; mais il ne faut pas avoir l'ingratitude d'oublier tous les miracles que le ciel a faits pour nous depuis quatre années. La Providence nous couvre de ses ailes, et malheur à ceux qui s’en méfient!! »

L'insurrection est proclamée; le tocsin sonne, tout Paris est en armes. Les rues sont pleines de monde. La nuit arrive et l'obscurité augmente encore les angoisses des habitants. Enfin, les heures s'écoulent, et les premières lueurs du jour dissipent un instant les terreurs. On est au 10 août.

M. Géraud père assiste, avec ses fils, à cette célèbre journée. Le lendemain, Edmond en fait à un de ses amis une description que nous donnons sans en rien retrancher. On ne peut qu'être stupéfait en voyant ce jeune homme si foncièrement honnête, si doux, non seulement excuser, mais approuver d'horribles massacres.

Ces appréciations, à notre sens, montrent bien quels étaient les sentiments de la bourgeoisie à cette époque, et elles jettent un jour singulier sur les jugements que les contemporains, les témoins oculaires portaient sur ces terribles événements.

« Paris, du 114 août 1799, l'an IV: de la liberté. « Mon ami, mon cher ami, « Ils sont enfin arrivés les jours de la colère du

1. Journal d'une Bourgeoise.