Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 595

d'esprit étonnante dans un instant aussi alarmant. Vergniaud, Gensonnéont aussi présidé successivement ; le côté droit était désert, les lâches avaient abandonné leur poste; très peu de patriotes manquaient. Toutes les sections se rendaient en foule à la barre, toutes demandaient la déchéance, el toutes accusaient le Roi des plus horribles trahisons.

« L'Assemblée, après avoir juré solennellement au nom de la Nation, de la patrie en danger, de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir à son poste, a décrété la suspension provisoire du pouvoir exécutif et plusieurs grandes mesures accessoires; les journaux vous donneront les détails.

« Je n'ajouterai aucune réflexion à ces faits dont-je vous garantis l'exacte vérité, puisque je les ai vus en grande partie. Le peuple s’est comporté avec férocité, il faut l'avouer, mais combien de circonstances aggravent les délits de la Cour et justifient sa conduite! Quand vous les connaîtrez, vous jugerez vous-mêmes combien il est, je ne dis pas excusable, mais digne d'éloges. Au reste, s’il a été cruel, il a aussi été courageux, vertueux et même désintéressé. Il n'y a point eu de pillage. Les bijoux, la vaisselle, l'argent monnoyé ont été portés à l’Assemblée.

« Pendant la nuit du 9 au 10, Pétion, mandé au château, y a été retenu, comme otage. L'Assemblée, instruite de ce coup d'autorité tyrannique, l’a envoyé chercher et l'a mandé à la barre, d'où cet inestimable

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