Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

514 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

étonnement ce que peut l'amour de la liberté, ce que peut l'énergie républicaine; qu'ils apprennent que c'en était fait de la liberté lorsqu'un jour a lui, jour d'épouvante pour les despotes, et la liberté triomphante a dirigé son vol rapide vers les plaines de la Belgique ; qu'ils apprennent qu'il a suffi de prononcer ces paroles affligeantes, mais non pas désespérantes : « Citoyens, la patrie est en danger, » et que des légions innombrables d'hommes libres se sont levées et armées pour la sauver; qu'ils apprennent que, aidés de nos bras seulement, nous avons repoussé les troupes qui passaient pour les meilleures de l'Europe ; qu'ils apprennent toutes ces choses étonnantes pour eux et qu'ils les imitent, s'ils se sentent capables de le faire. Hélas, que n'avons-nous des mœurs! nous laisserions bien loin derrière nous ces Romains, avides de conquête, qui ne faisaient la guerre que pour asservir les nations. »