Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

316 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

Nous arrêterions donc ici nos citations, si nous ne voulions encore indiquer en quelques lignes la vie du jeune homme pendant l'année 1793.

Le 21 janvier, Louis XVI monte sur l'échafaud. En province aussi bien qu'à Paris sa mort passe presque inaperçue. Le peuple ést convaincu qu'il a trahi son pays, par conséquent qu'il a mérité son sort et que la peine infligée n'est que le juste châtiment de ses crimes.

Lorsqu'on apprend à Bordeaux l'affreuse nouvelle, M. Géraud écrit simplement à ses fils : « Je n'ai donné nul regret à la mort du tyran; néanmoins j'eusse été bien aise dans l'intérêt de la chose publique qu'on l'eût retenu prisonnier. C’eût été un otage précieux en cas de revers. »

Et c’est tout.

Madame X... ne se montre pas plus émue :

« La mort du roi s'est passée à Paris comme le bannissement des Tarquins à Rome. Le peuple a déployé un calme et une majesté qui feraient honneur aux plus beaux jours de la République romaine. Nos ennemis, qui sont des lâches, et qui poignardent par derrière, menacent tous les députés qui ont voté la mort de leur cheft. »

Il faut lire dans Mercier les réflexions que lui inspire ce tragique événement pour se rendre compte de

4. Journal d'une Bourgeoise;