Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 41

en a demandé l'impression. « Qu'est-il besoin d'impression! s'est écrié un soldat patriote, la véritable n'est-elle pas dans tous nos cœurs ? » L'on a fort applaudi à ce propos, qui m'a paru plus impromptu que le quatrain.

« Jamais Paris n'a joui d'un hiver aussi beau : point de pluies, point de froid; je désire que ce temps continue, à peine avons-nous acheté une voie de bois. »

Pendant que le serment civique se prêtait à l’envi dans la capitale, la province ne lrestait pas en arrière. L'on y organisait les municipalités et cet événement servait de prétexte à des manifestations patriotiques en l'honneur du nouveau régime.

À Bordeaux la municipalité venait d’être constituée ; M. de Fumel avait été nommé maire. Quelques jours après eut lieu en grande pompe le serment de la garde nationale :

« Bordeaux, le 6 avril 1790.

« Quelle journée fatigante que celle d'hier! écrit M. Géraud père‘. Sous les armes depuis six heures du matin, nous ne fûmes libres qu’à six heures du soir. C'était la cérémonie auguste du serment de la Garde Nationale à la nouvelle municipalité. Le jardin public était le lieu de la séance. Au milieu de la terrasse était une tente magnifique pour la municipalité et les chefs

1. M. Géraud avait été nommé à l'élection capitaine de sa compagnie.