L'école de village pendant la Révolution

92 CHAPITRE V.

Les paysans ne regrettaient point l’ancien régime; ils s'étaient d’abord attachés à la révolution qui avait supprimé la taille, les aides, la dime et les droits féodaux; ils s’en éloignèrent, lorsque les réquisitions militaires et le maximum les eurent atteints dans leurs personnes et dans leurs intérêts ; ils furent froissés dans leurs convictions, lorsque la révolution toucha à leurs prêtres. Les curés de campagne avaient souvent partagé la vie précaire de leurs paroissiens; ils avaient éprouvé les mêmes besoins, les mêmes aspirations ; ils étaient leurs guides et leurs soutiens. Is jouissaient souvent de l'estime et de l’attachement de leurs paroissiens ; dans l'Aisne, plusieurs d’entre eux furent élus maires de leur village en 1790 ‘. Dans les régions où leur influence s'était maintenue sans réserve, les villageois ne cessèrent point d’être fidèles aux prêtres qui avaient refusé le serment constitutionnel. « Les communes, dit Cambry, ne s'occupent ni des rois, ni des nobles ; elles méprisent les curés assermentés ; il n’est point de cultivateur qui ne fit dix lieues à pied la nuit, et dans un temps d’orage, pour joindre un prêtre réfractaire, pour recevoir sa bénédiction, pour lui donner de l'argent, des denrées...? »

de l'autorité. (Roy, Notice hist. sur Le pays de Montbéliard. Mém. Soc. d'émulalion de Montbéliard, % série, II, 243.)

4 Ils signaient : curés-maires. (Ed. Fleury, I, 89.)

? Voyage dans le Finistère en 1794 el 1795, I, 298,