L'école de village pendant la Révolution

96 CHAPITRE V.

Ces exemples et d’autres que l’on pourrait citer expliquent avec quelle répugnance on accueillit dans les campagnes l’enseignement non-seulement révolutionnaire, mais anti-chrétien, que l'Etat voulait imposer. Dans un assez grand nombre de communes, Les droits de l’homme et du citoyen furent substitués au catéchisme et à l’évangile. Le signe de la croix fut proscrit ; on raconte qu’à Jasseines on donnait des soufflets aux enfants qui le faisaient. Ailleurs, des énergumènes le remplaçaient par cette formule : Pelletier, Rousseaw, Marat, la loi; ou par celles-ci : Marat, Pelletier, Amen*. — Marat, Pelletier, liberté ow La mort ?. La Terreur voulait avoir ses dieux, el quels dieux ! Dans un village normand, le buste de Marat fut porté dans l’église ; en chemin, on le déposa sous un reposoir élevé en son honneur. Des gens pleuraient, en se frappant la poitrine et en disant : « Mon Dieu Marat, tu es mort pour nous #.» Lorsque la révolution devint déiste avec Robespierre, elle eut aussi ses prières. Celles-ci, assez sonores, étaient souvent inoffensives. Une d’entre elles, dont on avait conservé le souvenir,

4 À Charmont, aux Riceys. À Macey, on remplaçait liberté ou la mort par la loi, l'égalité.

2 Dans la Seine-Inférieure. Dumesnil, Souvenirs de la Terreur, Mémoires inédits d'un curé de campagne, 1873, p. 88. — Voir aussi Fayet, les Hautes OŒuvres de la Révolution en malière d'enseignement, p. 40.

8 Dumesnil, p. 87.