L'école de village pendant la Révolution

L'ENSEIGNEMENT ANTIRELIGIEUX. 97 il y a 20 ans environ, à Saint-Martin-de-Bossenay, commençait par la déclaration bien connue : « Le peuple français reconnaît l'existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. » Elle se terminait par cette invocation inspirée du Pater : « Plein de confiance en ta juslice, en ta bonté, je me résigne à tout ce qui m'arrive; mon seul désir est que ta volonté soit faite. »

De prime abord, la Terreur ne voulait point substituer un culte à un autre ; elle désiraituniquement détruire celui qui existait. La déesse Raison eut peu d’autels dans les campagnes. L'enseignement de toute religion fut proscrit dans les écoles ; on alla même jusqu'à défendre les alphabets, les syllabaires et les autres livres élémentaires qui contenaient des traces d'opinions religieuses. Grand embarras de certains maîtres et de certaines maîtresses d'école. Dans le village du Loiret dont j'ai déjà parlé, ils s'adressent au conseil général de la commune. Il s’y trouve un membre pour dire « que les parents, qui payaientle maître et la maîtresse d'école, voulaient qu’on enseignât la religion à leurs enfants ; que si on les mécontentait, ils pourraient se refuser à ces dépenses; qu'alors l'instruction courrait risque d’être interrompue, ce qui serait contraire aux besoins de la société et aux progrès de la raison publique. » Et l’on décida que jusqu'à nouvel ordre on conserverait les anciens livres‘.

1 Maxime de La Rocheterie, p. 23.