L'école de village pendant la Révolution

98 CHAPITRE V.

Les maîtres, qui adoptaient les nouveaux, éprouvaient des difficultés de la part des parents, qui ne les voyaient qu'avec répugnance. Le citoyen Paul Diligent, instituteur à Juilly, écrit à l’administration qu'il a fait sa déclaration pour « continuer à se voerre (sic) à l'instruction de la jeunesse. » Le 24 avril 1794, il fait annoncer à son de caisse l’ouverture de son école. Mais aussitôt qu’il eut les livres élémentaires, « l'alphabet où sont écrit (sic) les droits sacrés de l’homme en place du Pater », presque tous les parents se retirérent, en alléguant qu'ils avaient besoin de leurs enfants... « comme s'ils étaient en état, ajoutait l’instituteur en parlant de ceux-ci, à l’âge de six à neuf ans de rendre service. » Aussi le citoyen Diligent, pour remplir sa classe, demandait-il qu'on exécutât à l'égard des parents la loi qui prescrivait l'instruction obligatoire ‘.

Les maîtres d'école ne se signalèrent point d'ordinaire par l’ardeur de leur prosélytisme révolutionnaire. Qu'on se figure l’état d'esprit d’un homme, qui a professé toute sa vie le culte du catholicisme et de la royauté, le respect du clergé et de l'aristocratie, et qui doit enseigner désormais la haine et le mépris de tout ce qu’il apprenait à vénérer. Le roi a été exécuté comme un criminel ; les prêtres sont proscrits et lraités d’imposteurs ; les autels sont profanés ; les églises

1 Requête du 18 floréal an 1. Archives de l'Aube, L. 1458,