L'école de village pendant la Révolution

LA CONVENTION ET LES INSTITUTEURS. 59

thousiasme; éprise de ses théories absolues, elle crut qu’elle allait régénérer non-seulement la France, mais le monde‘; elle voyait dans la république, qu’elle venait de proclamer, la forme de gouvernement parfait qu'il fallait imposer à l'humanité, parce qu’il lui semblait fondé sur les lumières et sur la raison. Aussi voulait-elle, avant même de former des hommes, former des républicaïns. Des rêveurs exaltés disaient comme le conventionnel Petit : « Il est un préliminaire indispensable à l'établissement des écoles primaires : c’est une école de républicanisme. Le local d’enseignement, ce sera tout le territoire francais. Vieillards, jeunes gens, hommes, femmes, ignorants et savants, nous serons tous élèves ; notre maitre, ce sera la nature !£...» Les hommes de talent, comme Rabaut Saint-Etienne, ne se livraient pas à ces déclamalions ridicules; mais Rabaut disait qu’il fallait avant tout enseigner les droits du citoyen. Il ajoutait: « On ne nous demande pas des collèges, on nous demande des écoles primaires. » Duhem parlera plus tard de même : « Nous ne pouvons rien faire en ce moment, disait-il, que purifier les petites écoles et nous borner

4 Il faut voir ici, disait Manuel, une assemblée de philosophes occupés à préparer le bonheur du monde.— Ce projet, disait Rabaut Saint-Etienne en parlant de la constitution, sera peut-être le code politique de tous les peuples. (Moniteur, septembre 1792.) !

2 Réimpression du Moniteur, 1799, t. XIV, p. 788.