L'école de village pendant la Révolution

LA CONVENTION ET LES INSTITUTEURS. 63

concours des habitants, au nombre desquels figurérent parfois les mères de famille.

Aucune garantie d'instruction n’était demandée aux maîtres. Ce que l’on cherchait avant tout chez eux, ce n’était pas la capacité professionnelle, c'était le dévouement politique ou l’apparence de ce dévouement. La science de l’instituteur est regardée comme suffisante, si l’on constate, comme dans plusieurs communes, qu'il « sait lire et écrire et jusqu’à la troisième règle de la ristemétique », selon l'orthographe du greffier chargé de constater l'instruction du maître ; mais qu'importe le degré de sa science, s’il est muni d’un certificat de civisme, et si le greffier peut ajouter cette mention recommandable : S’ayant toujours conduit comme un vrai républiquin. Si l’on veut savoir ce qu'on entend par là, qu'on lise la note qui concerne l’instituteur d’un village nommé Rilly-Sainte-Sire, qui s’est mis à la mode du jour en s’appelant Rilly-la-Raison ; « Sa facon de penser, dit-on, est celle d’un vrai sans-culotte, conséquemment d’un franc et zélé républicain. » Le titre de républicain est souvent le seul indiqué ; c’est le seul auquel on paraisse tenir. Si l’on fait l'éloge d’un maître d’école que l’on maintient dans ses fonctions, en vantant son zèle, sa capacité et son désintéressement, c’est pour ajouter aussitôt qu’il s'engage à se servir de livres élémentaires, tels que les Droits de l’homme,