L'école de village pendant la Révolution

66 CHAPITRE IIl.

tagne en 1794, trace un triste tableau des instituteurs que la Terreur avait installés dans cette partie de la France. « Je le déclare avec franchise, écrit Cambry, depuis ma tournée dans tant de communes, le mot instituteur est pour moi le synonyme (l’ignorant et d’ivrogne. C’est au milieu des dénonciations qu’on a distribué des places dans des assemblées ensorcelées où quatre individus savaient à peine lire... On a choisi les plus violents et les plus fourbes.…. Voilà, voilà, ajoute Cambry, les instituteurs établis pour rappeler les vertus, les talents, les mœurs dans ma patrie‘... » Ajoutons qu'aux termes d’un décret du 3 octobre 1793, les autorités avaient été autorisées à pourvoir au remplacement des instituteurs qu’elles jugeaient incapables de remplir leurs fonctions?. La politique inspirant alors tous les actes*, on peut conjecturer quels choix elle dictait. Ils soulevaient parfois le sentiment public. Comme le président d’un des districts de la Haute-Marne était venu installer en personne un instituteur dans un village, les

4 Cambry, Voyage dans le Finistère en 1794 et 1795, Paris, an vu, t. I, p. 68-69.

2 Réimpression du Moniteur, XNIII, 32.

3 À Lunéville, la municipalité défend aux instituteurs de diviser leurs élèves en deux classes, l'une pour ceux qui apprennent à lire, l’autre pour ceux qui lisent et écrivent. On viole le grand principe de l'égalité, dit-elle ; tous les enfants sans exception recevront la même éducation, (Maggiolo, Mém. Ac. de Stanislas, 1876, p, 71).