L'école de village pendant la Révolution

74 CHAPITRE III.

Les institutrices étaient encore plus difficiles à trouver que les instituteurs. On avait eu le soin de les empêcher de se recruter parmi les femmes ci-devant nobles, les ci-devant religieuses, les sœurs grises et même les maîtresses d'école qui avaient été nommées par des ecclésiastiques ou des ci-devant nobles ‘. C'était à peu près éliminer toutes les femmes qui se livraient à l’enseignement primaire. Aussi est-il bien difficile de trouver des institutrices *, même dans des bourgs. Et si l’on en trouve, c’est à peine si elles ont des élèves. À Mussy, l’institutrice qui est la femme de l’appariteur de la commune, enseigne seulement 7 élèves qui lui paient ensemble 35 sous par mois; elle touche en outre 7 liv. 10 sous de Phôpital pour instruire les enfants indigents. Elle a pour auxiliaire une couturière qui reçoit les mêmes émoluments, vraiment dérisoires, lorsque le nombre des enfants payants est aussi peu considérable *. Le district de Nogent-sur-Seine, ne pouvant trouver une seule institutrice, s'adresse aux municipalités pour savoir la cause de cette

4 Décret du 7 brumaire an 11, art. 22.

? Dansle district de Chaumont, il ne s'en présente que 5 au jury d'instruction (Fayet, p. 290). — Dans le district de Lunéville, il n'y a plus de maîtresse d'école qu’au chef-lieu en 1794, et aucune ne se présente au jury d'instruction. (Maggiolo, Mém. Ac. Stanislas, 1876, p. 80 ct 88.)

3 Tableau des instituteurs et institutrices de la commune de Mussy. Germinal an n, Arch. de l'Aube, L, 1438.