L'oeuvre sociale de la Révolution française

94 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

touche aux propriétés, mais au nom du salut publie. Pour faire face à la guerre extérieure, pour procurer des subsistances, pour assurer à tous les moyens d’en acheter, elle use des procédés habituels à tout pouvoir dictatorial : fixation d’un maximum aux prix, réglementation sévère du commerce, réquisitions. distributions de vivres et de travaux. De là une foule de dépenses qui exigent des ressources énormes. En cas de nécessité, on prend l'argent où il y en a. Les riches seuls en ont. Ils paieront donc pour tous : ils sont pressurés par l'impôt progressif, écrasés de taxes et d'emprunts, épuisés par les réquisitions et les confiscations. On en use d'autant plus violemment avec eux que Île riche, presque partout, est en même temps, sinon l'ennemi déclaré, au moins le modéré, celui qui est suspect de sentiments contre-révolutionnaires, celui qui peut-ètre pactise avec l'étranger. C’est le droit de l’État de se défendre contre ses adversaires. Le fait d’être riche ne constitue pas un délit: mais il crée une présomption défavorable, puisque le riche est généralement le mème que le mauvais citoyen. Théoriquement, la richesse semble peu estimable au sans-culotte; pratiquement, elle est entre les mains de ses ennemis et tente sa cupidité. Ce serait prêter à l'homme une élévation morale rare en tout temps, presque impossible en temps de crise, que

de penser qu'aucune exagération, aucune violence