L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANCAISE 93

ILest plus délicat de fixer avec précision Le carac{ère exact de certaines mesures de la Convention. Promulguées par les jacobins, dont nous avons vu les idées théoriques, violemment mises à exécution, elles semblent bien plus révolutionnaires et bien plus directement subversives. Ici encore, cependant, le principe de cette législation ne fut nullement socialiste. La Convention, assemblée démocratique chargée de la direction de l'État, investie, selon les maximes de l’ancienne monarchie comme selon celles de Rousseau, des pouvoirs les plus étendus, se trouva avoir affaire aux dangers les plus terribles qui puissent menacer un pays : la guerre extérieure, la guerre intérieure et la famine, née de la misère. Dans les cas extrêmes, les actes extrêmes se justifient. La Convention fut un pouvoir dictatorial agissant en vue du salut public. Nul na jamais songé à taxer de socialisme le gouverneur militaire qui rationne les habitants d’une place forte assiégée. On ne saurait plus exactement comparer la conduite de la Convention vis-à-vis de la France qu'à celle d’un chef militaire en temps de siège. Elle «centralisa d'une manière large et opulente tout le travail du peuple français ». Elle se fit « propriétaire momentanée de tout ce que le commerce, l'industrie et l’agriculture ont produit et apporté sur le sol de la République ». Ce n’est pas au nom

du principe de la communauté des biens qu’elle