L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 95

n'aient accompagné la mise en vigueur des décrets de la Convention. On taxe les riches en principe, parce que l'État a besoin d'argent et parce qu'ils sont mauvais citoyens. En pratique, cela revient souvent à une sorte de véritable guerre qui leur est déclarée, où les convoitises se déchainent el où les propriétés les plus légitimes sont violées. L’intention n'est pas socialiste, l'application Le devient ; et quoiqu'on ne cesse de proclamer le respect dû à toute propriété, il est certain que quelques esprits, entrainés par la force des choses, grisés par leurs rôves de bonheur universel, outrent la signification de cette politique et arrivent peu à peu à concevoir un État plus juste d'où la richesse scandaleuse sera proscrite, etoù il n’y aura que des citoyens patriotes presque également fortunés. Un rapport de SaintJust montre clairement cette transformation : « La force des choses, dit-il, nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n'avions point pensé. L'opulence est entre les mains d’un assez grand nombre d'ennemis. Concevez-vous qu’un empire puisse exister si les rapports civils aboutissent à ceux qui sont contraires à sa forme de gouvernement ? Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. La Révolution nous a conduits à reconnaître ce principe que celui qui s'est montré l'ennemi de son pays n'y peut être propriétaire. Celui-là seul a des droits dans notre