L'oeuvre sociale de la Révolution française
452 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE téresser à la marche politique de la nation, tout général ambitieux pouvait être tenté de tirer parti de cet état de choses et d'imiter Lafayette et Dumouriez. La Convention et la nalion, par les soins même qu'elles prodiguaient aux militaires, tendaient involontairement à flalter leur orgueil, à leur donner l'idée qu'ils étaient supérieurs aux autres ciloyens, et chaque victoire allait les affermir dans cette opinion. Le décret du 18 septembre 1793, qui autorisait l’armée à exploiter les pays conquis, devait, maintenant que la guerre était reportée par nos victoires en pays étranger, favoriser les tendances des militaires au despotisme en leur livrant les vaincus.
Enfin, si l'armée recrutée dans le peuple, épurée de tous les éléments non populaires et soumise à l'éducation civique et républicaine, était devenue exclusivement démocratique, dans la nation, au contraire, l'élément démocratique ne dominait que par la Terreur, et cet élément était numériquement très faible, car seule la minorité éclairée du peuple avait la volonté de dominer et l'intelligence des moyens à employer pour y réussir, et celte minorité se décimait elle-même, avec acharnement. Dans la Convention, il en était de même; le partimontagnardne tenait la Plaine sous son autorité que par la peur, et se mutilait lui-même à plaisir. La prépondérance de la démocratie dans la nation