L'oeuvre sociale de la Révolution française

48 INTRODUCTION

économique qui était à peu près la même dans tous les peuples de l'Europe. La présence et la diffusion de l’idée égaliltaire dans une nation n'est donc nullement ce qui la met en infériorité en présence des autres, mais c’est le degré de force de cette idée qui fait toute la question. Une nation s'affaiblissant à mesure qu'elle se rapproche du régime socialiste; une nation s’affaiblissant à mesure que la guerre de classes, latente ou déclarée, yestplus vive; une nation s'affaiblissait à mesure seulement qu’elle devient plus démocratique, non point parce que l'idée égalilaire est nécessairement antipatriotique, mais parce qu'il y à une antinomie naturelle entre l'esprit égalitaire et l’esprit disciplinaire ; pour ces raisons, sur ces chemins qui mènent tous les peuples de l'Europe vers la démocralie, il y aura comme une course de lenteur très intéressante à étudier. La première nalion qui arrivera à la démocratie intégrale ou qui en approchera beaucoup plus que les autres sera comme désignée pour disparaître et disparaitra, mème sans lutte, par une sorte d'enlisement, après lequel les sables mouvants s'étalent doucement sur l’enseveli. Après celle-ci, ce sera une autre, puis une autre encore, jusqu'à ce que l'Europe ne forme plus qu'une grande nation, mais si hétérogène et si amorphe que, comme PEmpire

romain, et à beaucoup plus forte raison, elle pourra