L'oeuvre sociale de la Révolution française

SUR LES IDÉES MAITRESSES DE LA RÉVOLUTION 49 être la proie de n'importe quel peuple à idées étroites, à traditions fortes et à patriotisme têtu.

Renan redoutait la Russie. Son rève était l'union anglo-franco-allemande contre la Russie et pour la refouler bien loin dans ses steppes. C'était le cauchemar d’un Gallo-Romain. Le mien est autre. Je vois l'Europe, conquise par le dernier peuple resté militaire et relativement féodal, former un conglomérat d’où, peu à peu, tout esprit militaire el féodal sera exclu ; et alors Je vois le peuple imperméable aux idées occidentales, le peuple qui ne change jamais, le Turc, reprendre le chemin, qu'il connaît, de Vienne et du centre de l'Europe. Et cette revanche de l’homme malade ne m'étonnerait point. Ils ont des retours surprenants, ces éternels mourants dont on s’est trop partagé à l'avance l'héritage.

Et quelle sera la première nation qui disparaîtra pour cause d'idée égalitaire poussée jusqu'à ses dernières ou avant-dernières conséquences ? C’est ce qu'on ne peut point savoir; parce que l’évolution des idées n’est point soumise à des règles fixes, ou parce que les règles qui la gouvernent ne sont point connues, et encore parce qu'il y a des circonstances particulières qui peuvent hâter ici, relarder là cette" évolution. Cest plaisir de voir, par exemple, en France et en Allemagne, deux suf-

frages universels qui semblent se regarder l'un 4