L'oeuvre sociale de la Révolution française

50 INTRODUCTION

l’autre. Lequel vaincra l’autre? Je veux dire : lequel aura sur la nation où il opère cet effet de la préeipiter plus rapidement que l’autre sur la pente de l'égalité intégrale ?

— Évidemment, répondra quelqu'un, le suffrage universel français, parce que le suffrage universel français est sans contrepoids et que le suffrage universel allemand est contrebalancé par un esprit disciplinaire, royaliste et féodal, qui est même plus fort que lui.

— J'ai penchant à le croire; mais je suis loin d'en être sûr; car ce contrebalancement peut devenir un antagonisme, et le conflit, précisément entre l'esprit féodal et l'esprit égalitaire, peut jeter l'Allemagne dans une révolution qui dure un siècle et qui l’affaiblisse pour deux. De même en Angleterre, je crois voir, à certains signes, que l'esprit démocratique, pour avoir été trop longtemps comprimé ou n'avoir reçu que des satisfactions incomplètes, sorte de coups de soupape furtifs, fera une explosion soudaine et peut-être violente, qui mettra quelque désordre dans cette vieille, solide et savante machine du Royaume-Uni. Non, on ne peut pas savoir chez quel peuple la marche vers l'égalité, lente, ou rapide, ou saccadée, ou continue ou avec régression, sortira son plein et entier effet avant de le sortir chez les autres.

Car il y a des régressions ou tout au moins des