L'oeuvre sociale de la Révolution française

58 INTRODUCTION

doctrines anarchiques qui disent : « Puisque la force se retrouve toujours maîtresse et se renouvelle à mesure qu'on la détruit et renait toujours de ses cendres, détruisons-la sans cesse en proscrivant toute organisation. Toute organisation est une force en soi et intronise une force. À bas toute organisation! » Et ceci encore, s’il manque de sens pratique, ne manque pas d’une certaine logique.

Il n’en est pas moins vrai que la Révolution a été un immense effort pour détruire dans le monde le règne de la force et que c’est là proprement sa gloire. Pour bien s’en convaincre, les contraires éclairant très bienles contraires, ilfaut lire Nietzsche. Nietzsche est le théoricien de l’aristocratie et, comme il y voit très clair, il est, bravement, sans ambages ni alibiforains, le théoricien de la force. Il a passé sa vie à nier le droit, la justice, la liberté, l’égalité, la fraternité et la charité. Le devoir, pour lui, c'est d’être fort, plus fort que les autres et, entre forts, de se reconnaître à certains signes très manifestes, de se grouper, de se soutenir, d’être excessivement dur pour soi et pour les inférieurs, et de dominer. Mais pourquoi tout cela? D'abord pour vivre d’une vie pleine, vigoureuse et supérieure qui n’est accordée par la nature, et encore quand ils y aident, qu'à un tout petit nombre d'individus et pour suivre ainsi la loi de nature, qui est telle dans