L'oeuvre sociale de la Révolution française

68 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

prétend en indemniser les détenteurs, et, en les attaquant, ce n’est nullement au principe de la propriété que les rédacteurs des cahiers pensent porter atteinte; bien au contraire : c'est comme constituant une entrave injustifiée à la propriété individuelle que les droits féodaux apparaissent condamnables, c’est au nom du droit éminent de l'État que les biens du clergé lui sont décernés. Il n'yaaucune protestation contre l'inégalité des conditions. Les cahiers signalent avec quelque amertume «le recèlement et les fraudes des riches propriétaires », demandent qu'on fasse rendre gorge aux fortunes révoltantes, qu'on facilite aux paysans les moyens d'acquérir des terres et des bestiaux, qu'on distribue quelques secours aux travailleurs des champs, qu'on s'occupe de leur assurer des salaires qui leur permettent de vivre, qu'on crée des ateliers de travail, qu’on réorganise et qu’on complète l'assistance publique, qu'on exempte de l'impôt ceux qui ne possèdent que leurs bras, qu'il pèse également sur les autres, qu'on taxe fortement le luxe, qu'on modifie quelques-unes des lois-de succession : tels sont les vœux qui reviennent le plus souvent. Une fois exaucés, les hommes seront à peu près aussi heureux qu'ils peuvent être. Ces mesures n’ont rien de subversif; l'impôt progressif même qui sera si vite réclamé n’y est pas indiqué. Si parfois l'accent de quelques rares cahiers (on les

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