L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 69

compterait) devient un peu plus véhément, souvenons-nous que la misère élait cruelle, que la déclamation était un procédé courant de la littérature, et aussi que la royauté de l’ancien régime était coutumière de paroles et de discours qui effleurent ce que nous appelons aujourd’hui le socialisme d'État.

Les cahiers, qui expriment l'avis réfléchi de collectivités considérables, sont les documents les plus significatifs : mais ils sont utilement complétés par les brochures qui, nombreuses depuis 1787, librement publiées pendant toute la période électorale, nous transmettent les vœux du « quatrième ordre », qui ne fut pas appelé à la rédaction des cahiers, où ceux des isolés qui jugèrent avoir des opinions personnelles à exprimer. Elles offrent, comme de juste, plus de variété : toute convocation électorale a de tout temps échauffé les cerveaux : il n'est point d'exalté qui en pareil cas ne se croie tenu de sauver la patrie. Des vœux de réforme sociale radicale ne signifieraient done pas grand chose dans les brochures, quand même ils s'y rencontreraient assez fréquemment. Or ils y sont infiniment rares. Parmi les trois ou quatre mille pièces qui dorment aux Archives, ou à la Bibliothèque nalionale, il en est bien peu qui révèlent quelque chose d’un sentiment socialiste. Une vingtaine reprennent les idées familières à Montesquieu, à

Rousseau, sur les droits de là nature, de l’homme