L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 14

Il est done évident qu'en 1789 il n'existait nulle hostilité contre le principe de la propriété individuelle. Un grand nombre d'institutions sacrées aux yeux des hommes de 1789 furent plus tard battues en brèche par la Révolution. C'était une espèce de lieu commun pour la philosophie politique de rapprocher la propriété et la royauté : « La propriété du prince sur ses sujets, disait Linguet, est de même nature que celle de ceux-ci sur leurs biens. » Or la royauté, que personne ne contestait en 1789, fut abolie trois ans après. Il en fut autrement de la propriété. Aucun des gouvernements qui se succédèrent en France sous la Révolution n'en contesta la légitimité. Elle est, d’après la Déclaration des droits de l’homme, « un des droits sacrés et inviolables et imprescriptibles de l'humanité ». La Constitution de 1791 la sanctifie dès ses premiers jours. La Convention acclame Danton, qui, avec l'approbation de Robespierre, demande une déclaration en sa faveur. Le 28 février 1793, elle place la propriété sous la sauvegarde de la nation; le 18 mars, sur le rapport de Barère, elle vote la peine de mort contre quiconque proposerait la loi agraire; le 31 mars la même peine est promulguée contre quiconque excitera à la violation des propriétés. La Constitution de 1793 consacre la propriété aussi bien que celle de l’an I. Le Code civil en fait la

base de la société moderne. À s’en tenir aux cahiers