L'oeuvre sociale de la Révolution française

12 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

et aux déclarations des pouvoirs révolutionnaires, nulle époque, semble-t-il, ne fut plus éloignée de

toute velléité socialiste.

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Or la Révolution apparut à un grand nombre de contemporains comme une série d'attentats systématiques contre toute espèce de propriétés.

Beaucoup de théoriciens politiques pensaient que le premier vœu du suflrage universel établi dans une nation serait « qu'on réunit en masse toutes les propriétés et qu'on en fit un partage égal, ou que la communauté naturelle des dons du créateur fût rétablie ». IL y avait donc d'avance un préjugé défavorable aux résultats de la consultation nationale. Dès 1788, l’auteur du Mémoire des princes au roi prophétisait mélancoliquement : « Bientôt les droits de la propriété seront attaqués ; l'inégalité des fortunes sera présentée comme un objet de réforme». Sitôt après l'ouverture des États généraux, à la vue des troubles qui se propageaient dans les villes et dans les campagnes, il parut que cette prédiction était en train de se réaliser. « Les pro-

priétés de tout genre, écrivaient à leurs députés les