L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 13

commissaires des États du Dauphiné, sont menacées d’unbouleversementprochain » ; d'Eprémesnil signalait à l'Assemblée « un esprit de révolte et de sédition répandu généralement dans tout le royaume » ; on se racontait que des brigands, supposant des ordres du roi, se disaient autorisés à rétablir l'égalité dans les fortunes. C'était « une espèce de guerre déclarée aux propriétés et aux propriétaires ».

Quelques brochures répandues dans le pays, quelques discours aux clubs et à l’Assemblée, surtout les mesures votées contre les droits féodaux et la propriété du clergé, plusieurs autres décrets accessoires affermirent chez les privilégiés la conviction généralement sincère que toute propriété était menacée. La Déclaration du Roi du 22 juin 1789 n’avait-elle pas compris expressément, sous le nom de propriétés, « les dimes, cens, rentes, droits et devoirs féodaux et seigneuriaux, et généralement tous les droits et prérogatives utiles et honorifiques attachés aux terres et aux fiefs, ou appartenant aux personnes » ? Ces propriétés étant violées, pourquoi les autres seraient-elles respectées ? L'Assemblée et la presse retentissaient de protestations indignées. L'abbé Maury criait à la loi agraire ; Cazalès rappelait « que toutes les propriétés se touchent et que, quand on en viole une, on est prêt à les violer toutes ». Les pamphlétaires accusaient les législa-

teurs d'attaquer à la fois « le fonds, le revenu etle