L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 83 à la stupéfaction générale, les principes Îles plus hostiles à la propriété. IL est aisé de mesurer le socialisme de cette catégorie d’esprits : imbus des idées courantes sur la bonté naturelle de l’homme et les droits de la nature, ils s’enflamment sur les maximes de l'égalité sociale et pensent que la raison pure engagera tous les bons citoyens à l'établir. Quandils voient se précipiter les événements, quand les passions déchaînées se substituent aux sentiments, ils s’effrayent et reculent en criant à la loi agraire devant les fantômes qu'ils ont contribué à susciter.

Leurs ennemis, les jacobins, ne furent guère plus d'accord et n’eurent pas des idées sociales beaucoup plus précises. Ce fut leur tempérament d'hommes d'action et leur situation vis-à-vis du peuple de Paris qui contribuèrent surtout à donner à leur théories un aspect plus démocratique et parfois presque socialiste. Élèves eux aussi des philosophes, énergiques, peu nombreux, ayant souffert sous l’ancien régime, ils se trouvèrent portés au pouvoir dans un temps de crise par tous ceux qui avaient peur d'un retour en arrière ou qui espéraient davantage de la Révolution. Ils eurent pour eux les éléments pauvres et ambitieux de la nation, et contre eux presque tous ceux qui avaient perdu ou quiavaient à perdre quelque chose par le fait dela Révolution : c’est-à-dire l'immense majorité des