L'oeuvre sociale de la Révolution française

84 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

riches. Imbus des leçons de leurs maîtres, directement intéressés à favoriser les pauvres, leurs partisans, contre les riches, leurs adversaires, comment les idées d'égalité sociale pouvaient-elles ne pas les charmer? La défense nationale exigeait d'énormes dépenses auxquelles seuls les biens des riches pouvaient sufffire; et ces riches se trouvaient être les mauvais citoyens, tandis que les patriotes étaient

pauvres etsouffraient. Tout poussait, semble-t-il, les

jacobins à projeter une révolution sociale qui établirait une plus juste répartition des biens.

Aussi faut-il rendre hommage une fois de plus au sens politique de ces hommes de la Révolution qu'on s’est plu trop souvent à nous représenter comme des utopistes en délire. Selon Montesquieu et Rousseau, les jacobins, maîtres absolus de la France, auraient eu ledroit d'y établirune démocratie agraire. Ils ne le voulurent point. En partie par leur répulsion de philosophes à passer de la spéculation pure à la pratique, en partie à cause de la tâche journalière elfrayante qui pesait sur eux, surtout à cause de leur sentiment politique, ils ne pensèrent pas devoir bouleverser l'organisation sociale. Plusieurs d'entre eux n’envisagèrent point cette question. Danton fut un démoerate luttant seulement pour le salut public. Marat, réputé un des plus fougueux partisans de la loi agraire, ne fut qu'un pamphlétaire dépourvu d'idées générales, absorbé par la lutte dechaque jour.