L'oeuvre sociale de la Révolution française

90 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

lés, comme l'avaient été les protestants sous Louis XIV : la création des assignals, la plupart des mesures fiscales, la réforme des lois de succession, bien d’autres décrets, sont conformes aux traditions de l’ancienne monarchie : les violences et les illégalités qui accompagnèrent parfois leur mise à exécution sont imputables non à un principe nouveau, mais à la désorganisation générale de l'État. À vrai dire, deux catégories seulement de mesures méritent un examen sérieux : d’une part, celles qui opérèrent la dépossession des privilèges (abolition des droits féodaux et confiscation des biens du clergé); d'autre part, celles qui constituent ce qu'on a appelé « la guerre contre les riches », c'està-dire la politique sociale de la Convention. L'abolition des droits féodaux apparut à la majorilé des privilégiés comme un attentat contre une propriélé qui, quelle qu'en fût l’origine primitive, était couverte par la prescription; plus ou moins sincèrement, ils y dénoncèrent la première tentative d’un bouleversement de la société. Nos historiens « bourgeois » font souvent trop bon marché de ces protestations. Il est certain qu’elles étaient entièrement légitimes, selon des théories qui, pour avoir été vivement critiquées au xvur siècle, n'étaient nullement périmées. Sans doute on commenca par distinguer, parmi les droits féodaux, ceux qui devaient être supprimés sans indemnité et ceux qui