L'oeuvre sociale de la Révolution française

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LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 94 étaient rachetables : mais, en dernier lieu, presque tous furent abolis sans remboursement : opération qui constituait une violation de fa propriété aux yeux mêmes des premiers adversaires de la féodalité. On ne saurait nier que, matériellement, il y ait eu spoliation d'un grand nombre d'individus et transfert de propriété d'une classe à l’autre. Théoriquement, ‘es constituants ne pensèrent, en aucune manière, porter préjudice à la propriété privée. Ils distinguèrent les droits provenant d’un attentat à la liberté individuelle et ceux qui provenaient d’une ancienne cession de propriété, et déclarèrent les premiers supprimés et les seconds rachetables. Une série de décrets de la Législative et de la Convention diminuèrent sans cesse et finirent par réduire à zéro le nombre de ces derniers. Ils ne furent pas inspirés par un principe nouveau ; ils se bornèrent à sanctionner le plus souvent un état de choses établi par les paysans eux-mêmes, qui avaient cessé de payer toute espèce de redevance. La disparition des droits féodaux ne fut pas une grande expropriation systématique au nom d'une pensée socialiste : elle se fit graduellement par une foule de distinctions assez subtiles, qui se multiplièrent sans cesse dans un esprit croissant d'hostilité contre des privilèges devenus odieux à la maJorité de la nation.

La dépossession du clergé eut un caractère sen-