La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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Un savant allemand très connu, byzantologue et grand connaisseur de la question des Balkans, M. Heinrich Gelzer, suisse d’origine, dit dans son ouvrage : (eistliches und Weliliches aus dem Türkisch-Griechischen Orient, Selbsterlebtes und Selbstgesehenes (Leipzig, 1940, p. 251) :

Il n'ya rien de plus comique que le spectacle des savants slaves qui s'agitent autour de la question de savoir si certaines contrées de la Macédoine orientale sont serbes ou bulgares, alors que la population indigène n’en sait rien ellemême |

Nous avons déjà parlé du publiciste russe Alexandre Amphithéatroff. Cet écrivain parle de la bulgarisation de la population en Macédoine dans son ouvrage déjà cité : Slavianskoé Goré (Les malheurs slaves, p. 246 à 247). Il s'exprime en ces termes :

… Afin que la Macédoine devint bulgare, il fallait la bulgariser. Et aussitôt après la guerre bulgaro-serbe de 1885, les forces les plus énergiques et les sacrifices les plus importants de l'organisme gouvernemental bulgare furent consacrés à la bulgarisation des slaves macédoniens. L'agent bulgare qu'il soit prêlre, instituteur, comitadji-chef de bande détient le pouvoir occulte en Macédoine, il est son âme damnée.

Au début, les succès de la propagande furent inespérés. Milioukoff, qui a parcouru la Macédoine vers la fin de l'année 1890, l’a trop vu à travers des lunettes bulgares et — comment dirons-nous — a poussé l’exagération à l'extrême en déclarant que tous les Macédoniens sont des Bulgares pur sang. Mais son erreur peut être considérée comme dictée par la bonne foi. Il a trouvé une Macédoine si profondément et si brillamment bulgarisée qu'il a pris « les vessies pour des

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