La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

LA CARICATURE ANGLAISE 499

sympathiques : le pire est encore l'aîné d’entre eux, le futur George IV, qui donne raison au proverbe sur les pères des fils prodigues. Ici, on nous montre les deux majestés déjeunant d'œufs à la coque et de salade, tandis que le prince de Galles subit une digestion laborieuse, punition de ses excès. Ailleurs le roi, grosse figure qui ressemble un peu à Louis XVI, et la reine, petite figure chafouine qui ne ressemble pomt à Marie-Antoinette, caressent amoureusement de gros sacs de guinées. Quant au fils, quant aux distractions qu'il prend dans son trop célèbre palais, Gillray le suit au fond de ses retraites en prenant soin de le montrer toujours dans la société de Fox ; mais nous ne nous chargeons pas de les accompagner. Pourtant, il faut faire une fin quand on a de grosses dettes à payer. Le prince de Galles est fiancé à Caroline de Brunswick. Le dessinateur lui adresse un cadeau de noces qui veut être à moitié bienveillant. Celui qui a toujours tenu à s'appeler le premier gentleman de l'Europe est au lit. Dans son rêve, il voit une belle princesse, encore embellie de ses vertus, nous dit la légende, pendant que le roi lui offre un sac aussi rond que sa figure, et la reine un livre sur l’art d'avoir de jolis enfants. Hélas! pour une fois que Gillray veut être presque aimable, il est plus terrible que jamais. Toutes les vertus! vingt-cinq ans plus tard, un scandaleux procès trainera la reine Caroline devant la chambre des lords: De jolis enfants ! l’unique sera la pauvre princesse Charlotte, celle qui dira un jour cette parole navrante : « Ma mère n'aurait pas été une mauvaise femme, si mon père n'avait pas été un homme plus mauvais. » Pour le moment, la naissance d’une petite fille réjouit George III, vertueux homme de famille. Eh bien, Gillray ne peut