La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT

2 A fn

XCVII

LETTRE À LA CONVENTION

(A7 avril 1793)

Sous le coup du décret du 12 avril 1793 qui le renvoyait devant le tribunal révolutionnaire, Marat ne paraissait plus à la Convention. Mais, du fond de sa retraite, il écrivit à l'Assemblée, le 17 avril, une lettre dont la Convention refusa d'entendre la lecture, sous prétexte qu’elle ne portait point de signature. Le lendemain, 18 avril, Marat en adressa une copie signée, mais la Convention refusa encore de l’entendre, et décréta qu'il ne serait donné lecture d'aucune pièce de Marat jusqu'à ce qu'il eût obéi au décret prononcé contre lui. Sur la demande de Marat, la Société des Jacobins, dans sa séance du vendredi 49 avril, résolut de faire imprimer et afficher la lettre que la Convention n’avait pas voulu entendre. En même temps, Marat la publiait dans le numéro 171 du Publiciste de la République française (jeudi 18 avril 1793). Mais, là encore, les deux textes sont fort différents.

Voici, tout d’abord, celui qui fut publié par la Société des Jacobins (Lettre de Marat aux Jacobins, Paris, imprimerie patriotique et républicaine, 1793, in-8° de 7 pages) :

À la Convention nationale de France.

Fidèles Représentants du Peuple,

La faction des hommes d’État, cette horde criminelle que j'ai eu la bonhomie de ménager comme simplement égarée, et qui est profondément scélérate; cette horde royaliste qui a voté l'appel au peuple et la réclusion de Louis Capet, pour allumer la guerre civile dans l'espoir de sauver le iyran; cette horde trailresse, que Dumouriez avoue pour