La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 263
lecture au début de la séance du vendredi 21 juin, et dont la Société ordonna l'impression. Elle fut en effet imprimée en une brochure in-8° de 4 pages, sans date, et sans autre titre que celui-ci : Société des Amis de la liberté et de l'égalité, séante aux ci-devant Jacobins Saint-Honoré, à Paris.
Frères et amis,
Des intrigants vous en imposent sans doute; du moins ai-je le droit de le penser, et celui de me plaindre haute. ment aujourd'hui.
J'ai été dénoncé à votre tribune pour avoir demandé un chef; sur votre invitation, je me suis présenté, tout malade que j'étais, pour m'expliquer à ce sujet; j'aurais dû m'attendre, qu'après avoir permis la publicité de l’inculpation, vous auriez le soin de donner la même publicité à ma réponse; la voici mot à mot ; j'espère de votre amour pour la justice, que vous ferez imprimer cette lettre dans son entier.
Citoyens,
Je suis dénoncé pour avoir demandé un chef; c'est un extrème désagrément pour un zélé défenseur de la patrie d’avoir à s’entretenir des mesures de salut public en la présence d’imbéciles qui n’entendent pas le français, ou de fripons qui ne veulent pas l'entendre. Voici le Fi qui a donné lieu à cette dénonciation ridicule.
Le 31 mai, à huit heures du soir, je reçus à la Convention nationale des députés de plusieurs sections de Paris, qui me demandaient ce qu’il fallait faire : quoi! leur répondis-je, vous avez sonné le tocsin toute la nuit, vous avez été en armes tout le jour, et vous ne savez pas ce que vous venez, faire ! je n’ai rien à dire à des insensés ; et je les plantai là. Désolé des efforts du peuple, toujours impuissants, lorsqu'ils ne sont pas dirigés par un conseil éclairé et ferme, je rentrai dans la salle, et, dans l’amer-