"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

181

M. Kopitar, savant établi à Vienne, et les frères Grimm ont fait paraître des traductions partielles. Nous regrettons que les auteurs de la Bibliothèque allemande n’aient rien à nous dire de la traduction nouvelle sinon qu’elle est très agréable à la lecture et qu'elle paraît très fidèle. C’était le cas de citer et d’imiter M. d’Eckstein qui a enrichi de ces morceaux plusieurs numéros de son Catholique. Pourquoi ne nous traduisent-ils pas en partie le Précis historique sur les Servions que M u “ de Jacob a placé en tête de sa collection et qui, de leur aveu, est clair et suffisamment détaillé 1 ? En même temps, la Revue encyclopédique publiait un avertissement sur la traduction allemande des Chansons nuptiales serbes, faite par Eugène Wesely 2 , et sur les Nékoliké piesnitsé (« Quelques chansons ») du poète serbe Siméon Miloutinovitch, qui avait profité de cet enthousiasme serbophile pour obtenir de Goethe un article sur ses inintelligibles improvisations auxquelles on accordait un certain crédit presque jusqu’à nos jours 3. On s’est pris en Allemagne, disait la revue, d'une belle passion pour la littérature poétique des Servions, que l’on connaît seulement depuis quelques années... Il est pourtant de fait que les chansons serviennes sont généralement pauvres de poésie et d’invention. Souvent elles se réduisent à de simples pensées, à des réflexions communes et aux événements vulgaires de la vie (sic). Il y en a que les femmes chantent en filant et qu’elles composent elles-mêmes, en vaquant à leurs travaux. Les chansons d’amour ne sont guère plus remarquables. Il n’y a que les chansons héroïques qui, conservant l’empreinte du caractère belliqueux de la nation, ou se rapportant à des événements historiques, présentent un intérêt particulier. On cite un rapsode aveugle, nommé Philippe, qui improvisait des chants guerriers, même de plusieurs centaines de vers. Il se peut, au reste, que cette poésie servienne gagne dans la langue originale, par la naïveté ou

1 Le Globe du 7 octobre 1826, p. 128. - Serbische Hochzeitslieder, mëtrisch ins Deutsche übersetzt und von einer Einleitung begleitet. Pesth, 1826. 3 Ueber Kunst und Alterlum, t. VI, livr. 1, pp. 193-196. La Revue encyclopédique n’était pas la seule qui crut devoir consacrer une notice à Miloutinovifch. Au mois de juillet de cette même année 1826, le Journal général de la littérature étrangère avait parlé aussi des Nékoliké Piesnitsé (p. 208).