"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)

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CHAPITRE 11.

l’originalité de l’expression ; mais toujours est-il vrai que, dans les traductions allemandes, elle a très peu de couleurs et de traits piquants *. On y parlait ensuite des Nékoliké piesnitsé deMiloutinovitch, « homme d’un esprit cultivé », et l’on terminait en disant quelques mots de la Danitsa (« Etoile du matin »), almanach serbe publié par Karadjitch. Quelques mois plus tard, la même Revue encyclopédique donna une notice de J.-H. Schnitzler sur la traduction de Talvj. Le critique se contenta de résumer l’introduction des Volkslieder der Serben Au moment même où Mérimée préparait sa mystification, la poésie « illyrique » avait une telle vogue que le Journal de la littérature étrangère inséra pendant l’année 1827 quatre notices relatives àce sujet 3 . Pour mieux comprendre combien ces notices sont significatives, il faut se dire qu’à l’heure actuelle bien des années ont passé depuis que les publications françaises ne parlent plus des lettres serbes : chose plus étonnante encore si l’on songe que c’est précisément l’influence française qui a opéré récemment une vraie révolution littéraire en Serbie, et qui donne la direction à la littérature serbe contemporaine, surtout à la poésie et à la critique. Au moment où la Guzla sortait des presses, M me Louise Sw. Belloc, traductrice de Thomas Moore, rédigeait en français une traduction d’un certain nombre dédiants serbes. Déjà au mois de juin, présentant au public la Servian Popular Poetry de John Bowring,

1 Revue encyclopédique, septembre 1826, pp. 712-713. 2 Février 1827, pp. 509-511. 3 Serbische Hochzeitslieder de Wesely (p. 14) ; Serbianka de Miloutinovitch (p. 48) ; l’Art poétique de Horace, traduction serbe de Miloch Svétitch (p. 141); la traduction italienne de l’Osmanide (p. 177).