"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)

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CHAPITRE VII.

détaillée de la version de Mérimée, étude qui ne sera pas, croyons-nous, sans intérêt ni sans utilité à qui veut connaître jusqu’à quel point l’auteur de la Guzla sut être un traducteur consciencieux. I 1 ANALYSE DU POÈME Nous ne chercherons pas à classer la Triste ballade dans aucun des cycles connus des chants populaires serbo-croates ; on lui a réservé une place à part sous le titre de poésie de famille, nom qui lui fut donné par Goethe (Familienlied)L Chez les Slaves du Sud, elle est l’unique spécimen de poésie qui soit exclusivement une peinture de la vie privée, et qui touche vraiment à une question sociale, tout en conservant le développement dramatique et la forme traditionnelle que prend généralement la ballade chez ce peuple. La scène de la Triste ballade se passe chez les Serbes musulmans de Bosnie, pays où cette piesma fut composée à une époque difficile à déterminer; le style et la langue des poésies serbes sont, en effet, par trop uniformes en tous temps 2 . Le poème débute par des antithèses qu’affectionnent les chanteurs slaves :

1 M. Curëin. op. oit., p. 59. Auguste Dozon, qui était un des meilleurs connaisseurs de la piesma serbe, considéra la Triste ballade comme une poésie, « féminine » ou lyrique, quand il la traduisit en 1859 dans ses Poésies populaires serbes, et ne l’inséra point dans la seconde édition de cet ouvrage qui parut en 1888 sous le titre plus exclusif de l’Épopée serbe. 2 M. Curëin pense que la Triste ballade a reçu sa forme définitive vers l’an 1700. (Ztas serbische Volkslied, p. 65.)