"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE PREMIER.

Mais les « éludes illyriennes » de Nodier furent de courte durée. Quelques mois plus tard, quand Fouché arriva à Laybach, la restitution des provinces illyriennes était, en secret, décidée. Au mois d’août 1813, on abandonna Laybach aux Autrichiens ; en septembre, ce fut Trieste. Au commencement de novembre, Nodier se trouvait à Paris et donnait des articles au Journal des Débats 1 . Arrivèrent la chute de Napoléon et les CentJours; c’est alors qu’il fit sa célèbre réponse à Fouché qui, se souvenant de leurs récentes relations en Illyrie, l’avait fait appeler et lui avait demandé ce qu’il désirait : « Cinq cents frans pour aller à Gand 2 ! » « Ce séjour en Illyrie, dit M. Émile Montégut, quelque court qu’il ait'été, fut mieux qu’une aventure de plus à ajouter au roman si accidenté de sa jeunesse, car il eut une importance capitale sur ses destinées littéraires. C’est de là que sont sortis à diverses dates Jean Sbogar, Smarra et Mademoiselle de Marsan. » Nous allons examiner de près cette influence « illyrienne ». i 8 « JEAN SBOGAR » D'après Nodier, Jean Sbogar est un personnage historique « dont la renommée aventureuse remplissait encore les États vénitiens » à l’époque où il publia son histoire. C’est un bandit illyrien révolté contre le gou-

1 11 y fut introduit par ordre du duc'de Rovigo, avec appointements de 3.600 francs. (Léonce Pingaud, Fouché et Charles Nodier, dans les Mémoires de t’Académie de Besançon, 1901, p. 184.) 2 Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. I, p.473.