"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE PREMIER.

vonnes » qu'il pouvait lire. En effet, la Luciole a été traduite en italien par le docteur Stulli, imprimée par F.-M. Appendini dans ses Notices sur Raguse, et c’est d’après cette traduction italienne que Nodier établit la sienne L Cette poésie de la Luciole, quoique d’une authenticité indiscutable, ne paraît pas offrir d’intérêtpour nous. Nous avons déjà dit que Smarra était connu avant sa publication; les Annales de la littérature et des arts en avaient même inséré un extrait « qui pourrait donner une idée de l’ouvrage original et du mérite de la traduction », et le public lettré attendait avec impatience le reste du « poème ». Le critique littéraire de la Minerve, M. La Beaumelle, l’un des traducteurs de la fameuse collection des drames étrangers que Ladvocat publiait à cette époque, fut pourtant moins crédule que les autres, et ne laissa pas passer sans remarque l’annonce faite par les Annales et par son propre collègue de la Minerve, L. Rincovedro 2 . Il exprima sa grande admiration pour l’Esclavonie, mais il engagea Nodier, « pour l’intérêt des lettres », à joindre à son ouvrage des textes originaux 3. Cette invitation n’embarrassa pas l’auteur de Jean Sbogar. Après avoir reproduit les quatre premiers vers serbo-croates de la Femme d’Asan, il expliqua ainsi, dans une note spéciale, les difficultés qu’aurait rencontrées une publication intégrale du poème « esclavon » :

1 On peut lire l’original serbo-croate de ce poème dans les Piesni razlike d’lgnace Gjorgjic, ed. Lj. Gaj, Agram, 1855, p. 16, sous le titre de Zgoda Ijwvena. M. Matic a reproduit in extenso les deux versions de Nodier, dans l’ArcAw für slavische Philologie, t. XXIX, pp. 79-84.2 Voy. ci-dessus, p. 92. 3 Minerve littéraire, t. I, p. 354,