"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

108

CHAPITRE PREMIER.

d'eux cruellement. A. son tour, sa bonne foi fut surprise quant au Bey Spalatin dont elle loua la simplicité naturelle 1 . Dans les Annales, un rédacteur qui signait « M. D.V. » ou plutôt une rédactrice, car ces initiales cachaient Marceline Desbordes-Valmore eut la hardiesse de dire avec bienveillance « que, peut-être, Smarra n'était point une traduction de l’esclavon, mais qu'il n’en était pas de même des poésies morlaques traduites en français parM. Nodier ». On lit avec le plus vif intérêt le Bey Spalatin, disait-elle, et surtout la Femme d’Asan, dont la touchante histoire pourrait fournir le sujet d’un ouvrage dramatique. Peut-être y a-t-il eu un peu de coquetterie de la part de M. Nodier à placer sous les yeux des lecteurs des chefsd’œuvre des poésies morlaques, pour prouver que ses propres inspirations égalent ou surpassent celles des poètes esclavons : coquetterie bien permise, et dont, en vérité, je suis bien loin de faire l’objet d’un reproche ’ 2 . Malgré l’affabilité de ce critique, le volume n’eut aucun succès de librairie, et l’éditeur Ponthieu dut vendre l'édition au poids. Smarra ne fut réimprimé qu’une seule fois, en 1832, par Rendue!, dans les Œuvres Complètes de l’écrivain 3 . Le droit d’auteur ayant expiré en 1894, plusieurs ouvrages de Nodier reparurent en librairie vers cette date : Smarra n’obtint pas les honneurs d’une nouvelle édition h

1 Gazette de France du 28 septembre 1821. 3 Annales de la littérature et des arts, t. IV, Paris, 1821, p. 391. 3 Sur celle réimpression lire Le Romantisme et l’éditeur Renduel, par Adolphe Jullien, Paris, 1897, pp. 180-184. 4 Nous ne parlerons pas de Mademoiselle de Marsan, dont faction se passe presque exclusivement en Italie, et qui n’est, du reste, qu’une édition abrégée de Jean Sbogar. On ne considère plus comme une œuvre de Nodier : Lord Ruthwen ou les Vampires, roman de C.[yprien] B.férard], publié par l’auteur de « Jean Sbogar »