"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

(mort fut édictée contre quiconque composerait ou imprimerait des ballades 1 . L’époque austère de Cromwell fut également défavorable'- à la poésie populaire, qu’elle estimait un vain amusement propre aux âmes insouciantes. Quant à la Restauration, elle fut trop frivole et trop hautaine pour s’intéresser aux chants du simple peuple. Les brillants écrivains classiques que produisit l’Angleterre de 1660 à 1740, ne crurent pas devoir s’occuper de la « poésie sauvage des âges grossiers, ce dernier reste de la barbarie ». Il fallait une réaction contre la symétrie, l’élégance et l’équilibre pompeux de la littérature pseudo-classique; et cette réaction eut lieu au moment où ces qualités poussées jusqu’à l’exagération aboutissaient à une sécheresse et à une finesse artificielle révoltantes. Dès le début du xvm e siècle, on commença à priser de nouveau la poésie populaire. Dans les fameux numéros 70, 74 et 80 du Spectateur., Addison, après avoir loué la simplicité agréable des vieilles ballades, en commentait deux : la Chasse dans les monts Cheviot et les Enfants dans la forêt. Bientôt l’on publia quelques recueils de ballades, dont le premier fut : A Collection of Old Ballads, correcte! (sic) from theßest and most Ancient Copies Extant, with Introductions, Historical, Critical and Humorous (Londres, 1723-27, 3 vol.). On attribue cette collection à Ambrose Philips. En 1724, Allan Rainsay donna son Evergreen, being a Collection of Scots Poems wrote by the Ingénions before 1600 (Edimbourg, 2 vol.). Dans la préface de

1 Bonet-Maury, Zoo. ait. En 1850, I. Garacbanine, ministre de l’intérieur de Serbie, se trouva .aussi obligé d'interdire dans certains districts le chant public des piesmas, qui exaltaient encore assez les auditeurs pour en pousser quelques-uns à gagner la montagne et se faire bandits.