"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

poétique anglais qui se dégageait des règles sèches du pseudo-classicisme, cherchant le naturel dans le « langage direct » des aïeux. Elles inspirèrent des poètes de génie. Wordsworth, Coleridge, Southey, Scott, ont tous reconnu, chacun à leur tour, la dette qu’ils avaient contractée envers le vieux collectionneur de ballades. Wordsworth allait jusqu’à dire que la poésie anglaise fut « absolument délivrée » (redeemed) par Percy L « Je ne crois pas qu’il y ait un seul poète contemporain, écrivait-il, qui ne serait fier de reconnaître ce qu’il doit aux Reliques. Mes amis en sont là; et, pour ma part, je suis heureux de faire à cette occasion mon aveu public 2 . » Walter Scott fait des déclarations à peu près semblables 3 , ■— ce qui n’était pas nécessaire, du reste, car les Chants populaires des frontières méridionales de VÉcosse le témoignent suffisamment, ainsi que l’œuvre tout entière de l’inventeur du roman historique. « 11 est évident que l’ouvrage de Percy fut la source où sir Walter alla puiser ses premières inspirations. Ses poèmes ne sont que des légendes romanesques écrites dans le style et le rythme des vieux chants populaires. Lorsqu’il vit que le public commençait à se fatiguer de ces légendes versifiées, il démonta sa harpe écossaise et se contenta de la prose. La même pensée, la même vénération pour les temps anciens, les mêmes études de costumes et de caractères qui avaient fait le succès des poèmes, assurèrent le succès des romans 4 . » Celte influence de Percy se prolongea à travers le

1 H. A. Beei-s, Hislory of Romanlicism in the XVlllth Century, New-York, 1899, p. 299. 2 Appendice à la préface de la 2' édition des Lyrical Ballads. 3 H. A. Beers, op. cit., p. 300.. 4 Allan Cunningham, English Literalure in lhe lasl Fifty Years, dans The Athenceum pour l’année 1833,