"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

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i 4 LA BALLADE POPULAIRE EN FRANCE 1 Il s’est trouvé en France, en tous temps, des esprits indépendants et délicats qui ont été sensibles au charme naïf de la poésie populaire. On l’a dit et redit, et dernièrement M. Jean Richepin le faisait à nouveau remarquer dans son discours de réception, Montaigne fut de ce nombre. « La poésie populaire et purement naturelle, écrivait-il, a des naïfvetez et grâces, par où elle se compare à la principale beauté de la poésie.parfaicte, selon l’art; comme il se veoid èz villanelles de Gascoigne et aux chansons qu on nous rapporte des nations qui n’ont cognoissance d aulcune science, ny mesme d’escripture 2 . » A son nom, on ajoute ordinairement le nom de La Fontaine et celui I de Molière, qui en parle par la bouche d’Alceste, dans | la fameuse scène du sonnet. Il serait injuste d’oublier, parmi ces précurseurs des études folkloriques, trois autres Français : Christophe Ballard, « seul imprimeur de musique et noteur de la chapelle du Roy », qui publia plusieurs recueils de

1 Édouard Schuré. Histoire du Lied, Paris, 1868. (Nouvelle édition, publiée en 1903, est précédée d’une Étude sur le réveil de la poésie populaire en France.) Wilhelm Scheffler, Die frânzôsische Volksdichtung und Sat/e, Leipzig, 1884, Introduction. G-ottlieb Wüscher, Der Einfluss der englischen Balladenpoesie auf die frànzôsische Litleralur, von Percy's <i Reliques of Ancient English Poelry » bis zu de La Yillemarqué’s « Barzaz-Breiz », 4753-/840, Zurich, 1891. 2 Essais, livre I, ch. Liv. 9