"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

Il nous paraît, toutefois, que ce fut par l’intermédiaire de l’Allemagne que le Romancero devint à la mode en France; les premiers ouvrages français relatifs à ce sujet ne sont, en effet, que des traductions de l’allemand ou des travaux qui procèdent d’études antérieures allemandes : tel l’Æ'ssaz sur la littérature espagnole (Paris, ■lBlO, in-8 0 )j telles : en mil huit cent huit, par J.-F. Rehfues, trad. de l’allemand en -1811 (Paris, Treuttel et Wurlz, 2 vol. in-8°), et Histoire de la littérature espagnole, traduite de l’allemand de Friedrich Bouterwek (Paris, 1812, in-8°), tel enfin l’ouvrage bien connu De la littérature du Midi de l'Europe de Simonde de Sismondi, livre entièrement écrit d’après les travaux allemands 1 . En 1814, parut la première traduction du Romancero du Cid en vers français : le Cid, romances espagnoles imitées en romances françaises, parle baron A. Creuzé de Lesser (1771-1839), auteur d’un curieux Voyage en Italie (1804) dans lequel il avait vivement attaqué les antiquités classiques, et d’un poème épique qui, s’il n’est pas une œuvre de valeur, a du moins son intérêt comme un signe des temps, les Chevaliers de la Table ronde, poème en vingt chants (1812 ; trois éditions).

1 Paris, 18'13 ; nouvelles éditions 1819,1829, 1840’. M. de Sismondi y traduisit un assez grand nombre de romances, non pas sur l’original espagnol mais sur la traduction allemande de Herder, qui était ellemême... une simple traduction du français! (Cf. Reinliold Kôhler, Herders Cid und seine franzôsische Quelle, Leipzig, 1867. Cette « source française » était la Bibliothèque des Romans.') <t Un poète philosophe allemand, disait M. de Sismondi, Herder, les a recueillies [lés romances] il y a peu d’années; et il les a traduites envers de même mesure, avec cette exactitude scrupuleuse que les Allemands apportent dans leurs traductions. » Dans la seconde édition, l’auteur déclarait qu’il s’était aperçu, depuis, que les vers de Herder s’éloignaient souvent de l’original ; mais il n’entrevit pas la raison de ces différences. . . .... ..