"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

rains et particulièrement sur ses jeunes amis J.-J. Ampère et Prosper Mérimée 1 . Toute une collection de traductions, d’imitations des poésies étrangères de toutes espèces, suivit les Chants populaires de la Grèce moderne. Ce fut ce folklorisme romantique qui réhabilita Perrault, le vieux conteur national qui avait puisé le premier au fond des traditions populaires. Charles Nodier se fit le champion des charmants Contes de fées*. Quelques années plus tard, Théophile Gautier proclama Peau d’âne le « chefd’œuvre de l’esprit humain, quelque chose d’aussi grand dans son genre que l’lliade et l’Enéide 3 », tandis que Gérard de Nerval appelait son auteur « le seul écrivain vraiment national de tout le xvn e et le xvm e siècle 4 ». En même temps que les Chants grecs parut une sorte de roman historique, le Tableau slave du cinquième siècle, par la princesse Zénaïda Wolkonska, étalage de mythologie slave d’après l’historien russe Karamzine. Ce Tableau n’est pas beaucoup plus vrai que le Czar Démétrius de M. de La Rochelle, mais il est intéressant à cause de quelques poésies populaires russes que son auteur avait intercalées dans le texte 5 . Quelques mois seulement après l’ouvrage de Fauriel parurent les Ballades, légendes et chants populaires de V Angleterre et de l’Ecosse, par sir Walter Scott, Thomas Moore, Campbell, etc., traduits par A. Loève-

1 A ce sujet, voir ci-dessous, ch. ni, § 2. 2 H. A. Beers, History of Romanticism in the Xllth Century, p. 194. 3 Paul Morillot, dans Y Histoire de la langue et de la littérature française de Petit de Julleville, t. V, p. 588. 4 H. A. Beers, op. oit., p. 349. s Sur cet ouvrage cf. Gazette de France du 31 mai 1824.