"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

petit nombre de nos poètes qui ont su se garantir du pathos à la mode, et qui sentent encore le mérite d’une simplicité ornée 1 . Cette même année 1825 parurent encore : les Chants héroïques des montagnards et matelots grecs, de Népomucène Lemercier, avec une Suite aux chants héroïques grecs ; le Chansonnier alsacien, publié à Strasbourg par C. F. Hartmann ; une nouvelle traduction d’Ossian, due à de Saint-Ferréol. Voulez-vous connaître l’esprit public d’un peuple ? écrivait le Journal de la Littérature à propos du recueil Hartmann ; lisez ses chansons populaires ; je ne parle pas de celles qu’on lui chante, mais de celles qu’il fait lui-même et qu’il chante. Êtes-vous en province, à la campagne ? écoutez la chanson du laboureur, du jardinier, de la fille du fermier, delaflleuse; dans une ville de commerce ? entendez les chants qui retentissent dans les ateliers, dans les places et sur les ports... C’est surtout dans le département du Rhin et dans l’idiome allemand que l’on peut se convaincre de la vérité de ces observations, et l’on s’aperçoit facilement, par le choix même du recueil que nous annonçons, que ces chansons sont en possession de plaire, et M. Hartmann n’a pas eu d’autre intention que de charmer les loisirs de ses concitoyens, en leur offrant ces étrennes agréables. Nous pouvons assurer, d’après nos connaissances locales, qu’il a parfaitement réussi et qu’il y a peu d'almanachs chantants, de chansonniers et de collections de ce genre qui soient faits avec plus d’à propos et de goût 3 . A la même époque, Augustin Thierry insérait des ballades anglaises dans les « notes et pièces justificatives » qui accompagnent son Histoire de la Conquête de VAngleterre (1825); Sénancour publiait un article sur les Chansons populaires chez quelques orientaux [Chinois], article probablement composé à l’aide de quelque traduction allemande. La conclusion à laquelle aboutissait l’auteur A! Obermann est assez intéressante

1 Annales de la littérature et des arts, tome XXVI, pp. 376 et suiv. (1826). 3 Journal général de la littérature de France, t. I, p. 19. (Cité par M. Wüsclier, op. oit., p. 69.)